vendredi 13 février 2015

J'ai pas d'humour!

Enfin si!
En temps normal, rien ne me fait plus plaisir qu'un trait d'esprit, un bon mot, une image comique.
Je n'ai pas l'humour Vidéo Gag, j'aime les jeux de mots, et l'ironie, et l'humour noir.
J'ai le sens de la répartie, et j'aime ceux qui l'ont.
Mais s'il y a bien un truc à retenir de la fin de ma grossesse, c'est que l'attente me fait perdre le sens de l'humour!
11 jours..
Onze loongues journées à vivre une fois la date du terme présumé passée.
C'est rien du tout, quand on y pense, onze jours.
Mais quand chaque matin on se réveille en se demandant si c'est le grand jour, quand chaque soir on se couche en se disant que "peut être cette nuit", pour se réveiller à l'aube et constater que ben non, une nouvelle journée commence, et peut être que..
C'est long, onze jours. Et plus encore quand comme moi, et comme sans doute beaucoup de primi, on espérait (plus ou moins) secrètement que bébé viendrait plus tôt.
Onze jours, avec les fêtes de fin d'année en plein milieu.. Fêtes pour lesquelles bien sur on n'a rien prévu, parce que techniquement on devait les passer à la maternité, ou au mieux, à trois bien au chaud à la maison..
Fêtes bien pourraves donc, à regarder mon gros ventre en me demandant si un jour elle allait sortir, et pourquoi elle ne sortait pas, à commencer à craindre qu'on provoque sa naissance, et puis à déprimer en pensant à tout ce que les autres sont en train de s'amuser pendant qu'on traine au canapé, avec le masque de Zorro à la télé, merci Zhom! Le Masque de Zorro, ça a été LE truc en trop, et les fêtes aussi d'ailleurs..
Autant je résistais bravement à la tendance à la déprime face aux jours qui passaient, autant le premier janvier à ne rien faire du tout m'a fichu le moral au sol pour trois jours.
D'un bébé prévu pour le 25 décembre (mignon à souhait), j'ai eu une perle du 5 janvier.
Et oui, j'ai perdu le sens de l'humour.
D'abord parce que quand pour la millième fois on me demande si je vais l'appeler Noelle, ou Noella, j'ai juste envie de faire un "ah..ah..ah.." laconique. Vous voyez, celui où on sent bien derrière le "moon dieu que tu es drôle avec ta blague vaseuse que plein d'autres ont faite avant toi".
Ensuite, le temps passant, certains m'ont suggéré de l'appeler Désirée.
Bah oui, autant enfoncer le clou..

Et puis, il y a cette merveille moderne qu'on appelle les réseaux sociaux.
Aaaah facebook et l'espionnage amical.
Une photo de couverture représentant une vieille horloge ("le temps passe, c'est long"), et hop, trois messages demandant si c'est l'heure de naissance que j'affiche.
Quatre heures sans se connecter et zou! tout le monde se dit que ça y est, on est partis.
Il y avait ceux qui guettaient sans rien dire...
Et puis ceux qui viennent te rappeler que tu attends, et que bébé traine.
"Ben dis donc, t'as pensé à lui mettre des panneaux indicateurs? Elle trouve p'têt pas la sortie"
LOL
"Toujours à deux? T'es sure hein?"
Re LOL
Il m'est venu des envies de meurtre. Des envies de "bordel de nom de dieu foutez moi la paix ou je vous baffe"
Mais j'ai juste mis un statut gentil et poli, disant que j'étais heureuse de voir que tant de gens attendaient la naissance de la puce, que moi aussi je l'attendais, que je ne manquerais pas de prévenir mais qu'en attendant ce serait gentil de ne pas me rappeler sans cesse que la demoiselle se fait attendre"
Pensez-vous que le message soit passé...

On y ajoute les sms, les gens croisés et le fameux jeu des pronostics (genre, comme si on pouvait vraiment deviner la date d'un accouchement, ou bien genre, comme si j'étais un cheval), les appels,les voisins qui surveillaient les mouvements de nos voitures (mention spéciale à Y qui nous a fait un signe pouce levé, en pyjama à la fenêtre de la cuisine alors qu'on allait juste faire un monito).

Et puis surtout, SURTOUT, les mille et un conseils:
"Fais tes fenêtres"
Heuuu ouiii.. Mais c'est pas comme si on était le 29 décembre et qu'il gelait à pierre fendre. Perso j'aimerais autant ne pas avoir la crève au moment de pousser
"Marche! Marcher ça fait descendre"
Avec une mention spéciale au voisin qui juste après m'avoir dit ça a ajouté "pour la naissance de la notre on en a marché des kilomètres dans les couloirs de l'hopital. Une semaine qu'on y est restés avant qu'elle ne naisse". Ou comment prouver le contraire de ce qu'on vient de dire..
Et puis le graveleux conseil donné avec un sourire en coin
"Y a la méthode italienne hein" uh uh uh
On en reparle quand tu seras à neuf mois de grossesse chère Nulli!

Deux choses à retenir:
1) Une femme enceinte qui a passé le terme est déjà bien assez déprimée/stressée/impatiente, elle SAIT qu'elle a passé le terme, et on peut juste lui foutre la paix! Ou à la limite un p'tit message disant "je sais que c'est long, je pense à toi", ceux là ils font plaisir.
2) Il faut MENTIR! Pour la prochaine grossesse, j'ajoute d'emblée 15 jours quand on me demandera "alooors c'est pour quaaand?"
Comme ça, terme passé ou pas, j'aurai une paix royale!

jeudi 5 février 2015

Les craintes

On aura finalement passé tout 2014 à t'attendre.
Les premiers mois à guetter le test positif ou les signes d'un début de grossesse, tout le reste de l'année à voir mon ventre s'arrondir et à attendre le jour où tu rejoindrais nos bras.
Certains diraient "enfin"..
J'ai tant aimé te porter que je n'étais pas tellement pressée de voir s'arrêter cette part de l'aventure.
Vais-je accepter de retrouver mon corps d'avant, et ses formes qui ne sont plus justifiées par ta présence?
Et puis toutes les questions par rapport à ce rôle de parents qu'on a choisi d'endosser..
Sera-t-on à la hauteur?
Est-ce qu'on pourra t'offrir tout ce dont tu as besoin?
Saura-t-on faire de toi une femme équilibrée?
Et ce monde qui semble fou dans lequel on a choisi de te faire arriver.. Sauras-tu y trouver ta place? Ne va-t-il pas te rendre malheureuse?

Tant que tu étais lovée au creux de moi, tout était simple, finalement.

Ta naissance allait marquer un véritable tournant. Pour toi, évidemment, mais aussi pour nous.
C'est notre équilibre qui allait vaciller. Et l'impatience de voir enfin ta frimousse se mêlait à la crainte de ce chambardement.
Parce qu'on en voit, des couples que la naissance d'un petit a fichu au sol. Parce qu'il en faut, de l'amour, et de la patience, et du dialogue, pour retrouver petit à petit un équilibre à trois.
Là aussi, sera-t-on à la hauteur?
Est-ce qu'on saura rester des amoureux, au milieu de toute la gestion du quotidien? Est-ce qu'on pourra encore trouver du temps? Est-ce qu'on en aura l'envie? Est-ce qu'on saura ne pas s'oublier?
Je garde en tête ces mots de Guy Gilbert: "Votre couple d'abord"..
Pas la maison, pas les enfants. Nous.. Parce que la base de tout ce qu'on a construit, c'est ce nous.

Lui et moi... et puis toi